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Suite à notre campagne d’affichage dénonçant la coupe rase d’une parcelle de feuillus au lieu-dit « Le Foudon » à Villapourçon (Nièvre), le CNPF (Centre National de la Propriété Forestière) a publié récemment un communiqué. Pour cet organisme, qui valide le mode d’exploitation de la forêt via le Plan Simple de Gestion (PSG), la coupe rase en question est « raisonnable » et notre communication « injustifiée ». Les arguments avancés sont loin de nous convaincre. Nous y avons répondu à notre tour par un communiqué. Voici pourquoi :

  1. Coupe rase sur une forte pente = érosion des sols
    La parcelle de feuillus visée par notre affiche est située dans une zone en forte pente au-dessus d’une rivière. Or dans son rapport remis en 2021, le conseil scientifique du Parc Naturel Régional du Morvan préconise d’exclure la pratique de la coupe rase sur ce type de terrain en raison du risque érosif. Il est aussi conseillé de ne pas recourir à la mise en place d’andains car cela « transfère la partie la plus riche du sol et conduit en plus à des atterrissements en bas de versants ». C’est pourtant ce qui a été fait.

  2. Une forêt jugée de médiocre qualité ne doit pas forcément être rasée
    Le CNPF justifie la coupe rase de plusieurs hectares de feuillus au motif qu’il s’agissait d’un peuplement de « médiocre qualité sylvicole ». Pourtant de nombreux forestiers pratiquent l’enrichissement de leur propriété sans avoir recours à une méthode aussi radicale que la coupe rase.

  3. La quasi-monoculture de douglas est déjà là (et beaucoup de sapins sont déjà morts)
    La parcelle a déjà été replantée, contrairement à ce qu’indique le CNPF, que nous invitons à se rendre sur place (voir photo). Une petite partie en châtaigniers et une part majeure en douglas. Avec la chaleur, de nombreux plants de résineux dont l’installation a été subventionnée par l’état sont déjà morts.

  4. Et la préservation de la biodiversité dans tout ça ?
    La parcelle se situe dans une zone Natura 2000. Ce dispositif mis en place au niveau européen est censé protéger les habitats et espèces représentatifs de la biodiversité. À l’évidence, mettre un terrain à nu est contraire à cet objectif.

  5. Une voie romaine remise en état ? À vous de juger
    Le chemin qui borde la parcelle est une ancienne voie romaine. Il a été saccagé pendant les travaux mais remis en état selon le CNPF. En fait, le chemin a été arasé et les pierres qui constituaient le socle ont été poussées sur les côtés (voir photo). La voie a donc définitivement perdu son caractère historique.

  6. Quelques épicéas scolytés, un bon prétexte pour raser la forêt de feuillus d’à côté ?
    Le CNPF insiste longuement sur la nécessité qu’il y avait de couper une petite partie de la forêt composée d’épicéas « scolytés ». Comme si notre association s’opposait aux coupes sanitaires. Nous sommes bien conscients que dans ce cas – c’est le seul – il n’y a pas d’alternative à la coupe à blanc. Nous savons aussi que cet insecte ravageur se développe particulièrement dans les monocultures de résineux, un mode de sylviculture qui révèle aujourd’hui sa grande fragilité et qui a été longtemps soutenu par le Centre National de la Propriété Forestière.

  7. Tout est en règle, circulez
    Selon le CNPF, « Tout a été fait dans les règles ». C’est le seul point sur lequel nous sommes d’accord. Et c’est bien là le problème. Notre association, comme d’autres dans le Morvan et en France, demande un durcissement de la loi. Pour que la directive Natura 2000 soit enfin protectrice et ne souffre pas « d’annexes vertes » qui la rendent inopérante. Pour que la pratique des coupes rases soit interdite en France comme dans de nombreux pays européens. Pour que la priorité soit donnée à une sylviculture en futaie irrégulière à couvert continu qui concilie écologie et économie.

N. B. : Le CNPF pointe une inexactitude de notre part concernant la surface de la coupe rase. Notre association suggère à cet organisme d’inviter ses adhérents à rendre public les plans simples de gestion (PSG) qui définissent le mode d’exploitation des forêts. La transparence aura le mérite de mettre tous les acteurs du débat au même niveau de connaissance.